Petite histoire de « La Chambre Louis XIV » à Parentignat

Petite histoire de « La Chambre Louis XIV » à Parentignat

Une nuit de l’année 1822, un incendie domestique ravagea l’étage mansardé ainsi que le grenier du château. La majeure partie du mobilier d’origine ne put être sauvé malgré les efforts de chacun.

A partir de 1888, Jean de Lastic, propriétaire des lieux, entame une campagne importante de travaux visant à réaménager les lieux selon l’esprit du Grand Siècle. L’inventaire du mobilier, précieusement conservé, datant de 1791 lui permet en parallèle de suivre une reproduction aussi fidèle que possible des grands traits de Parentignat. C’est ainsi que prend naissance la chambre Louis XIV, dite aux tapisseries en raison des tissus enveloppant la pièce. Sorte d’écrin d’un passé fastueux, cette chambre reconnaît absolument tous les principes de l’époque mise en scène.

Tout d’abord ce lit, dit « à l’impériale », pièce maîtresse de l’environnement. De forme parallélépipédique emprunté à  la tradition précédente sous Louis XIII, le lit Louis XIV disparaît sous les tentures et rideaux, soutenu par un ciel de lit très géométrique, bordé d’une frise. Appelé aussi  » lit à baldaquin », entièrement tendu de tapisseries anciennes, provient du château de Sieujac dans le Cantal, ancienne propriété et demeure de la Famille Lastic. Datant des années 1720, la légende raconte que ce serait la Marquise de Lastic, comtesse de Montaignac, née Lastic,  représentée en trumeau au dessus de la cheminée qui aurait, avec ses deux filles, confectionné l’intégralité des tentures de cette pièce. Le métier à tisser, visible lors de la visite, en témoigne..

Un détail pourtant surprend toujours lorsque l’on aborde le mobilier sous les grandes monarchies. En effet, pièces de réception gigantesques, cheminées immenses rivalisent avec des lits toujours très étriqués. Au regard des explications des grands historiens de France, l’explication serait à chercher dans la superstition car, sous l’Ancien Régime, les membres des familles aristocratiques dormaient non pas couchés mais assis, inclinés sur de grands édredons. Seuls les malades étaient autorisés à la position allongée, synonyme de décès.

Dans l’espoir de conjurer le mauvais sort, il fallait donc se faire fabriquer des lits dans lesquels il était tout simplement impossible de tendre les jambes…cette tradition prit fin lors de la Révolution Française pour voir apparaître des lits de très grande taille sous l’Empire.

Parentignat ne déroge donc pas à la règle. Egalement son mobilier, rare de part son excellente conservation au fil du temps, possède les caractéristiques typique du siècle des Lumières.

En effet, en cette fin du XVIIème  le confort de siège s’améliore tout en gardant la forme autant imposante qu’angulaire  de l’époque Louis XIII. Le traditionnel fauteuil Louis XIV se reconnaît grâce son grand dossier rembourré, plat ainsi qu’incliné. En traditionnel bois tourné à ses débuts, le piètement évolue progressivement vers des formes de balustre droit, d’os de mouton et de console. Les accotoirs également s’infléchissent en larges courbes sculptées, insufflant de la féminité à l’ensemble.

La « chaise à dos », aussi nommée  « chaise à usage » que l’on peut également aisément admirer à Parentignat, se compose d’une entrejambe en forme de H ou en forme de X courbé. Précisément ce détail reste une ornementation propre à cette époque, car disparaîtra progressivement au fil des années.

Voici donc une nouvelle fois l’occasion d’aborder le surnom élégant de « Petit Versailles Auvergnat ». A l’image de la chambre du Roi au château de Versailles, Parentignat a su admirablement harmoniser son empreinte avec celle d’un grand Siècle.

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Anne-François de Lastic