Marquise de la Tour

« Une inscription portée sous la signature au dos de la toile originale, et peut-être également de la main de Largillierre, confirme l’identité du modèle et donne une indication précieuse quant à la datation de l’œuvre : ‘j’appartient à/Md la Malle de/Bezons’. « Malle » signifie en l’occurrence « Maréchale ». Marie-Marguerite Le Ménestrel de Hauguet (vers 1691-1751) avait épousé, en 1694, Jacques Bazin (1646-1733), comte de Bezons, maréchal de France. De leur union sont nés sept enfants, parmi lesquels Marie-Suzanne, le modèle de notre tableau. Celle-ci avait vu le jour le 23 octobre 1695 et avait épousé, en janvier 1716, Jean-Hector de Fay, marquis de la Tour Maubourg (…). Nous ignorons la date de naissance des deux fillettes, mais sans doute faut-il imaginer qu’elles virent le jour peu après le mariage de leurs parents. L’aîné ayant peut-être deux ans et demi ou trois ans et la cadette un an ou un an et demi, le tableau pourrait donc avoir été peint entre 1718 et 1720. Cela dit, il se pourrait aussi que Largillierre ait souhaité ou qu’il lui eut été demandé de symboliser par deux enfants assimilés à des putti (l’un d’eux est un Zéphyr), des filles déjà plus âgées. La date d’exécution de l’œuvre pourrait alors être repoussée jusqu’au terminus ante que de 1726. C’est l’hypothèse que nous pouvons défendre, et pour deux raisons : la première tient au style du tableau dont le coloris clair, et même délavé ou fané, et l’écriture plus ronde correspondent bien à l’inflexion touchant la manière du peintre à partir du milieu des années 1720. La pâleur du bleu et du rose est le signe d’une évolution plus généralement caractéristique de la peinture française de cette période. Le costume et la coiffure du modèle confirment d’ailleurs ce choix d’une datation plutôt tardive. Notre seconde raison est l’annotation portée au dos de la toile, précisant que le tableau appartint à la maréchale Bazin de Bezons. Elle pourrait en effet s’expliquer par le fait que la mère du modèle récupéra le tableau à peine achevé de Largillierre, comme le souvenir précieux de sa chère fille récemment disparue et avec l’accord de son gendre, avant que celui-ci ne s’y fut accoutumé et ne s’en fut senti véritablement propriétaire. » (Extrait de la notice de Dominique Brême. Catalogue de l’exposition GL 2010/2012)

Nom : La marquise de la Tour Maubourg et ses deux filles
Catégories: Peinture / Huile sur toile / 134 x 103 cm
Artiste : Nicolas de Largillierre (1656 – 1746)
Date : 1726