Petite histoire du parc de Parentignat / Rendez-vous aux Jardins 2018

Petite histoire du parc de Parentignat / Rendez-vous aux Jardins 2018

Le 23 octobre 1707 Jean-Antoine de Lastic, abbé et prieur de Bredon fait l’acquisition de la seigneurie de Parentignat au bénéfice de son neveu François II de Lastic. A l’origine il s’agissait d’une gentilhommière d’époque médiévale composée d’un corps de bâtiment carré, flanqué de quatre tours , représentant l’aile nord du château actuel. A cette époque le village était situé à l’emplacement de la cour d’honneur du château. A partir de 1710, la résidence aux proportions modestes se transforme au gré des ambitions de François de Lastic qui entend faire de son domaine le reflet de son rang.

Dans cette perspective, plusieurs opérations sont menées dont l’acquisition des centaines de maisons en place, laissant apparaître la cour d’honneur ainsi que les futures dépendances telles que les écuries et pavillons des gardes. Des plans d’agrandissements sont établis sur le modèle suprême du château de Versailles d’où son surnom de “Petit Versailles auvergnat”.

En effet, l’aspect général du domaine à l’heure actuelle est celle du XVIIIème siècle, ce qui constitue une rareté quant à la subsistance du patrimoine historique français. Parentignat est une des rares propriétés ayant conservé de façon si intacte son héritage tant historique qu’artistique, tel qu’en témoigne ce plan de 1770, visible également lors du parcours visite.

Domaine de Parentignat / Gravure de 1770En effet, l’on distingue parfaitement les trois corps de bâtiments  ainsi que la cour d’honneur. A l’arrière du château, le parc à la française avec une balustrade délimitant la terrasse. En son centre, un escalier à double volée conduisant au niveau du jardin,  composé de petits compartiments géométriques et doté de deux bassins,  l’un circulaire au centre, l’autre de plus grande dimension au fond.  Un dessin de facture simple, donc, totalement  en accord avec l’architecture du château.

Au-delà s’étendait un alignement d’arbres en patte d’oie. Sur la gauche de la terrasse; on distingue très clairement sur le plan le potager du château ordonné dans le même esprit, ainsi qu’un verger, de l’autre côté, à l’aspect également très équilibré.

Cet ordonnancement correspond à l’agencement des maisons aristocratiques du temps, dont le jardin très contrôlé, se devait d’être à l’opposé des terres agricoles. On les nommait d’ailleurs “jardins de propreté.”

Fait exceptionnel, le château échappe aux troubles de la Révolution Française. D’une part, grâce à l’attitude très paternaliste de la Famille Lastic vis-à-vis des habitants du village mais également grâce à l’ingénieuse idée du régisseur de l’époque Monsieur Herbot qui établira dans le parc, aux abords du Moulin, un atelier de salpêtre libre et républicain, dont l’inscription murale est toujours visible à l’heure actuelle.

Le XIXème siècle ouvre une nouvelle page de l’histoire du domaine

En 1802, Octavie de Lastic, dame d’honneur de l’impératrice Joséphine aménage le parc à l’anglaise tel qu’on peut l’admirer aujourd’hui. Des essences exotiques offertes par la souveraine agrémentent le parc  tandis que des arbres tels que tilleuls, hêtres plantés librement peuplent l’espace de 15 hectares . La balustrade ainsi que les deux escaliers sont supprimés. L’étang est creusé en donnant de ce fait naissance à l’île. La terre alors extraite fut talutée afin de créer le plan incliné actuel en dessous de la terrasse tandis que les parterres de buis sont remplacés par du gazon. Ce style à l’anglaise du parc s’intègre alors parfaitement à la campagne environnante ainsi qu’à la philosophie romantique prônée  à l’époque.

A votre disposition ici, deux gravures de 1856, témoignant de l’aspect du château à cette époque datée. La cour d’honneur tout comme le parc nous renseignent sur l’activité du domaine. Le parc tout particulièrement  nous donne des clefs sur le fonctionnement de cette vie en autarcie. L’on y voit ce bétail important composé de vaches, cochons et animaux de basse cour. Au-delà du béal situé derrière le dessinateur assis  à droite sur la gravure, le Grand Pré de 8 hectares, autrefois en patte d’oie grâce à des rangées de tilleuls savamment plantés, était régulièrement inondé de manière à permettre trois récoltes de foin par an et de ce fait alimenter quotidiennement la vie agricole du domaine.

Le second empire apporte également ses changements avec un terrain de tennis ainsi qu’une fabrique à la place de l’ancien potager.

La fabrique sera conservée lors des travaux d’envergure débutés par Georges de Lastic jusqu’en 1988, année de son décès. Le régisseur, grâce à ses compétences de paysagiste, donnera vie aux divers projets de réaménagement du domaine à partir de 1983; faisant ressurgir les six parterres de gazon de la cour d’honneur et restaurant le parc, abandonné depuis plusieurs dizaines d’années. Le terrain de tennis, dont l’état de délabrement s’avère trop avancé sera supprimé et engazonné tandis que la fabrique aujourd’hui nommée “Maison du thé” sera restaurée selon des plaques de verres découvertes par les propriétaires dans les archives de la Maison. Le toit en chaume tout comme le porche seront reproduits à l’identique tandis qu’en 2006 Laurence Strapélias en redécorera entièrement les boiseries intérieures en écorces de pommes de pin.

Depuis maintenant 35 ans, le château a retrouvé une nouvelle vigueur, un nouveau souffle grâce à l’action remarquable de l’actuel propriétaire des lieux, Anne-François de Lastic ainsi que de sa mère Françoise de Lastic, née Gouïn. Ensemble, grâce à leur conscience patrimoniale, la conservation tout comme la modernisation du domaine sont assurées.

Venez donc, chers visiteurs, au cours de ce week-end des des Jardins, profiter du château  à la lumière de ces  témoignages du temps. Le parc et ses grands arbres, ses parfums, vous sont accessibles durant deux jours, propices à la rêverie de trois siècles d’Histoire de France.

A la lumière des paroles de l’écrivain Henri Pourrat (1887-1959) : “Si Parentignat se défaisait, l’Auvergne perdrait de son prix.”

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Anne-François de Lastic